Entretiens avec Christophe Rousset

Dans quelques jours paraîtra aux éditions de la Philharmonie de Paris – dans l’excellente collection La Rue musicale, dirigée par Stéphane Roth – un livre d’entretiens que j’ai eu le plaisir de réaliser avec Christophe Rousset.

C’est après un Enlèvement au Sérail que j’eus le plaisir, pour la première fois, de tendre mon micro à Christophe Rousset. Nous étions dans sa loge, il venait de diriger pendant plus de deux heures une partition complexe dont les subtilités n’avaient pas décontenancé l’orchestre moderne, confié à sa direction. Frais et vif, il répondit à mes questions en trois minutes avec clarté et intelligence, tout en se défaisant de ses boutons de manchettes.

Quelques mois plus tard, je le retrouve au micro de la matinale que j’animais alors. Peut-être un peu étonné de s’être levé si tôt, vissé à une tasse de thé vert, âpre et non sucré, répondant avec la même clarté d’esprit. Alors qu’on passe un disque, je lui dis « c’est étrange, en interview, vous ne regardez jamais votre interlocuteur dans les yeux, on a le sentiment de ne pas exister ». Il sourit et répond « c’est peut-être que, parfois, mon interlocuteur ne m’intéresse pas », puis sourit à nouveau.

Enfin, je le retrouve au hasard d’une promenade, le nez dans les boutures, pointant une vague feuille verte et l’appelant d’un nom latin très savant qui, aujourd’hui, fait défaut à ma mémoire. Nous le suivons, dans les bois, capable d’interpeller chaque feuille, chaque pistil, chaque pétale par son petit nom. C’est un artiste qui ne parle pas de lui, surtout face à Alkanna orientalis.

Ce projet d’entretiens vient un peu plus tard. Il m’explique « il y a des sujets dont j’aimerais parler » et me les énumère, mais ajoute « je voudrais ne pas avoir à parler de ma vie ». En résulte une série d’entretiens réalisés un peu partout au cours de l’année 2016, sur la terrasse d’un hôtel surplombant l’Arno, dans son appartement où mijotaient des compotes, à l’ombre d’un bronze Hunan du onzième siècle ou dans un café bruxellois où la tarte au sucre est servie avec une boule de glace à la myrtille.

Ils se proposent d’aborder les thèmes qui préoccupent un chef d’orchestre, témoin – depuis plus de vingt-cinq ans – des tribulations du monde de la musique ancienne. Sa pratique, son enseignement – dont il connut l’âpre morsure – et que désormais il dispense, les frivolités qu’on lui impose, les turpitudes du métier, le voisinage des metteurs en scène, la relative bienveillance des aînés, la transmission, la facture, l’économie subtile d’un ensemble baroque, vingt-cinq ans à la tête des Talens Lyrique et – plus essentiellement – la fréquentation de Mozart, de Couperin, de Monteverdi et de Bach.

Sortie :  Avril 2017
Philharmonie de Paris – La Rue Musicale

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