Ayatollahs de la tonalité ?

stockhausen-cosmic_pulsesKarol Beffa publie sur son wall un article d’Olivier Bellamy à propos de la réponse (brillante) apportée par Pascal Dusapin à la conférence de Jérôme Ducros sur le néo tonalisme. Conférence qu’il tint au Collège de France et dont Bellamy reconnaît lui-même qu’elle était peut-être maladroite (a minima). Bon. En élaguant un peu l’article, on met en exergue cette phrase : « [Jérôme Ducros] a le droit de s’exprimer » et, par voie de conséquence, Dusapin a tort de lui chercher des poux. Bien. C’est basique et ça ne mange pas de pain. Mais partant de cette cheville rhétorique qu’on me permettra de trouver simplette, ne serait-il pas logique – je ne sais pas, je spécule – d’offrir ce même blanc-seing allocutoire à Dusapin ?

Comprenez, le débat de la tonalité, aujourd’hui, n’est plus tenu par les héritiers de Boulez, de Scelsi, de Stockhausen – ceux-là ont compris que la musique a gentiment suivi sa courbe de croissance en tournant le dos aux dogmes amidonnés d’hier, sans pour autant pisser sur un héritage précieux et nécessaire. En revanche, il existe sur terre une bande d’excités pro-tonalité, pour qui la tonalité est un enjeu déterminant et qui, sous prétexte de participer à une bataille éteinte depuis des années, déverse sur le monde des tombereaux de simplisme, de raccourcis et de procès en sorcellerie qui, finalement, s’adressent à des compositeurs morts depuis vingt ans. Seuls, ils entretiennent une querelle qui n’intéresse plus qu’eux et dont la majorité des compositeurs en activité se lave les pieds. Ainsi me permettra-t-on de poser cette question un peu perfide : des hérauts de la tonalité, qui – réellement – a trouvé le chemin du public ? Qui fait salle comble ? Dusapin, pourtant, ou Boesmans, ou Saariaho, ou Eötvös – eux – sont fêtés – et bien au-delà des ghettos des festivals de musique contemporaine. Peut-être parce que face à leurs partitions ils se soucient plus de création que de querelles d’écoles ?

Olivier Bellamy rappelle que Beffa et Connesson « sont méprisés par l’avant-garde ». Sans m’exprimer sur leur musique que je connais mal, n’est-il pas hâtif d’imputer ce mépris à leur seul positionnement sur l’échiquier de la tonalité ? Se pourrait-il – peut-être – qu’on n’apprécie sincèrement pas leur travail ? Politiser son désamour, n’est-ce pas surtout s’épargner des interrogations plus douloureuses ?

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