Je lis ce livre insensé d’Arthur Dreyfus dans lequel il raconte sa vie sexuelle avec grande profusion de détails (le caca du lavement, qui coule dans le bain, le sperme crémeux, l’odeur des bites). Je n’ai pas souvenir d’une telle diversité de détails champêtres chez les grands diaristes gays. Guibert est une petite pâquerette de printemps à côté et même Dustan se tient pépouse.
Au milieu des bites et des prépuces, des séances de fist, il y a des considérations sociologiques. C’est de l’Edouard Louis version mimi-cracra. Les aphorismes ne sont pas ce qu’il y a de mieux. Ils surprennent l’écrivain dans ses postures. Mais bon, le cul c’est un sacré page turner. Et ces 700 feuillets d’ordure lubrifiée ont des vertus déculpabilisantes : après les cinquante premières entrées je me suis dit « ça va, je suis une oie blanche alors que je me voyais plutôt en vieux torchon trempé de souillures indélébiles »
Il parle musique aussi. Des considérations sur Boulez, par exemple, dont le Marteau sans Maître, dit-il, ne serait pas idéal pour des ébats nocturnes. C’est vrai. Lui conseiller Sur Incises, du même compositeur. C’est le Boulez olé-olé, qui a digéré Adorno et accepte de se complaire dans la luxure.
Arthur se dispute avec son petit ami à propos d’opéra et prétend avoir coupé une plage bellinienne en jouant Cécilia Bartoli dans le finale tonitruant d’un grand opéra de Verdi. Mais Bartoli n’a jamais chanté Verdi. Suis-je dans l’erreur ? Ou est-ce distraction du jeune maître ?
J’aimerais bien lui poser la question.
